Mon rôle de jurée du #PLIB2019 m’oblige à réaliser une chronique par livre finaliste.

Comment le dire à la nuit de Vincent Tassy

est un des cinq titres de cette année.

#ISBN9782375680897 Édition du Chat Noir

Je vais libérer mon exemplaire pour qu’il voyage et aider des jurés. Aussi, mon article doit être écrit avant que le livre quitte son nid. Alors, allons-y ! (Ouf ! Il n’est pas dédicacé)

J’ai commencé le livre sans connaître le résumé ni avoir lu des avis. J’avais juste vu les quelques stories Insta qui parlaient d’ovni. Alors j’ai intégré le groupe de lecture commune sans hésitation et je suis tombée dans les pages d’une histoire fabuleusement belle et dure à la fois.

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On s’y perd sur le chemin, on bifurque par endroit sans savoir où ça nous mènera. On suit, on lit, on vit les mots qui viennent dans la mort et la vie des personnages. Des instants volés, pris sur le vif. Horrible, difficile, magnifique, envoutant, mais la fin ne peut pas finir bien ou presque.

Une écriture de nuit, une sonate de la tristesse aussi puissante que les musiques classiques des grands compositeurs vous faisant vivre mille sentiments rien qu’en les écoutant.

L’amour y est présent, mais pas celui dont on vend le mérite de faire battre le cœur, non, là il cesse, loupe un battement, s’épuise, se force pour finir par s’arrêter. La vie se transforme en une mort triste avalée par le silence et l’éternité.

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Nulle ne peut comprendre le texte s’il y cherche une écriture conventionnelle. Elle n’y est pas, elle se livre à nous en flots de mots dont la main de l’auteur s’est jouée pour que nous dégustions le goût amer de la mélancolie pour savoir comment le dire à la nuit.

Efficace, intrusif, le style nous emporte dans un tourbillon de sentiments tous plus poignant les uns que les autres, au bord de l’affreuse tristesse sans fin.

Des scènes me reviennent et je me dis que oui, c’est une histoire d’amour douce-amère, une histoire de femmes, de couples, de sœurs, de cœurs, de familles, d’amoureux, d’homosexualité, de parents, de fratrie et d’absents. Tous les amours à la fois sans qu’aucun ne survive, car ici ce n’est pas le jour, ni la vie qui surgit, mais la nuit. La nuit douce, mais froide, longue, mais courte, profonde surtout dans les abysses de la mort.

On m’a dit : « C’est une histoire gothique ». Je suis visiblement nulle en gothique. Je ne le vois pas comme un roman gothique, mais alors pas du tout.

J’appréciais énormément le groupe gothique de ma ville, mes copains gothiques au collège, leur ambiance, vision du monde et bien que The Cure était dans nos boums, les grosses chaussures noires à leurs pieds, les yeux superbement maquillés accompagnés par leur style vestimentaire , je ne connais pas plus que ça le style de vie gothique. Je ne suis pas gothique.  Et je ne vois encore pas l’histoire comme gothique, parce que j’ai dû m’approprier cette mélancolie comme l’exutoire de mon passé. Je me plonge dans cet univers aussi facilement que l’on se noie dans l’eau pour peu qu’on ne sache pas nager.

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J’ai un rapport à la mort particulier, la plume de Vincent Tassy résonne en moi comme un écho à ma tristesse, les larmes que j’ai pu laisser couler. Le cœur serré par l’amour mort devenu raide et froid à observer.

Vincent Tassy aborde le panel de tous les amours et nous expose clairement le regret et la tristesse, la douleur de nos actes en les transposant à la vie ratée, ses moments échoués qui rappellent aussi aux vivants que de ne pas se relever, ne pas agir, laisser aller ou tout simplement regretter n’aura aucun sens dans cette vie comme dans la mort. Attention, à vos actes passés, ils vivront après la mort.

Comment le dire à la nuit est une belle leçon de vie. Au delà d’un bon début, d’une bonne histoire ou d’une super fin. C’est un livre qui nous livre les sentiments de la vie. Il sera plus dur pour les personnes qui n’auront jamais vécu de situations difficiles, tristes ou mélancoliques puisqu’ils découvriront à travers la lecture ces sentiments si profonds sans réussir à mettre le doigt sur le malaise qui les animent.

À la différence de l’amour, la mort est tout autant fascinante, envoutante qu’effrayante. Les mélancoliques s’émerveilleront de l’écriture mystiquement belle de Vincent Tassy. Plus dure sera l’histoire pour les lecteurs dont la joie est l’unique beauté de ce monde ou que l’amour n’est en rien cruel.

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Malgré tout, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, chacun reconnaitra l’exceptionnelle plume de l’auteur. Belle ou détestable, elle ne peut pas laisser idem et bien après des mois ou centaines de livres dévorés, vous vous souviendrez qu’il vous a marqué par les sentiments que vous avez éprouvés.

Vincent Tassy est pour moi un de ces auteurs que je ne peux décrire autrement que par le mot génie.

J’écris mon avis et suis encore sous l’effet de la plume. Je ne vous cache rien, c’est un énorme coup de cœur pour ma part, une merveille que je lâche aujourd’hui en le sortant de son écrin, mais qui reviendra ou que je rachèterais pour le remettre au sein de mes précieux bouquins. Pourquoi ? Parce qu’il y a des livres que parfois nous pouvons relire pour comprendre plus profondément les sentiments qui nous habitent, nous hantent ou nous fascinent. Ce chef-d’œuvre fait partie de ceux qui vous creusent un profond sillon dans le cœur pour vous marquer à jamais.

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Merci Vincent Tassy.

Merci aussi à la maison d’édition Le Chat Noir pour avoir publié ce bijou.

Je ne prends jamais le temps de discuter plus longuement avec lui et compte bien me rattraper à la remise de prix.

INSTANT PUBLICITE :

Je rappelle que les 5 auteurs seront présents à la remise des prix le 12 octobre 2019 à Paris, alors participer à l’opération Ulule et venez à l’événement il sera gratuit, mais sur inscription. (Oui bah Google fait bien de la pub alors pourquoi pas moi ?!)

Bien maintenant mon blabla ne vous aura certainement pas plus aidé puisque vous ne savez toujours pas de quoi ça cause. C’est difficile d’en parler sans spoiler ou révéler des instants de surprises. Mais pour ceux qui désirent vraiment savoir, vous aurez en dessous la quatrième de couv.

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« La dame en noir vivait seule dans son château. Elle ne pouvait pas mourir. De tout ce temps qu’elle avait, elle ne faisait rien. Et puis un jour, elle trouva sur son chemin le garçon aux cheveux blancs. Elle l’enleva. Elle voulait vivre une histoire. Une histoire d’amour et de nuit qui traverserait les siècles. »

Comment le dire à la nuit sur le site du PLIB
avec toutes les chroniques, vidéos et Bookstagram.

 

Biographie de l’auteur

Vincent Tassy est né en 1989. Il vit actuellement en Savoie. Outre son métier de professeur de lettres, il est rédacteur pour Obsküre Magazine et musicien dans le groupe Angellore. En février 2012, il publie « Pour Oublier les Chrysanthèmes », sa première nouvelle, dans la revue La Salamandre. En juin 2013, il obtient le Prix Merlin 2012 de la nouvelle pour « Mademoiselle Edwarda » qui figure au sommaire de l’anthologie Vampire Malgré Lui (Éditions du Petit Caveau). Son premier roman, Apostasie, qui mélange vampires, fantasy et horreur dans une atmosphère mélancolique, paraît aux éditions du Chat Noir en avril 2016. Il travaille actuellement sur la traduction d’un texte de science-fiction et sur son prochain roman, entre autres nouvelles et compositions musicales.